Qu'est-ce qu'une conisation
La conisation est une technique chirurgicale qui consiste à l’ablation d’un fragment du col de l’utérus en forme de cône, d’où le nom de conisation. Le but d’une conisation est double :
- retirer la partie dysplasique (pré cancéreuse) du col utérin ;
- analyser le fragment prélevé afin de connaître avec précision la nature des lésions et afin de s’assurer de l’absence d’une lésion plus évoluée.
Environ 25 000 conisations sont effectuées chaque année en France pour une lésion de haut grade, chez des femmes de plus en plus jeunes, avec une moyenne d'âge passée en dessous de 30 ans.
Quelles sont les indications d'une conisation ?
Une conisation est indiquée dans les cas suivants :
- découverte par le frottis cervico-utérin ou d'un test HPV de dépistage puis par une biopsie réalisée sous colposcopie d’une dysplasie de haut grade (lésion pré cancéreuse) ou d’un cancer micro-invasif du col utérin ;
- découverte par le frottis cervico-utérin ou d'un test HPV de dépistage d’une dysplasie du col utérin, mais la biopsie sous colposcopie n’est pas réalisable (zone de jonction pavimento-cylindrique non visualisable). Il s’agit alors d’une conisation à visée diagnostique.
En l’absence de traitement, ces lésions peuvent évoluer vers un véritable cancer du col de l’utérus.
À quel moment est effectuée une conisation ?
Une conisation est pratiquée en dehors de la période des règles, de préférence quelques jours après leur fin.
Comment se déroule une conisation ?
Une conisation peut être pratiquée sous anesthésie locale ; locorégionale (péridurale ou rachianesthésie) ou sous anesthésie générale. Le choix du type d’anesthésie est fixé en consultation pré anesthésique.
Une conisation se fait le plus souvent en « ambulatoire ». La patiente rentre le matin, à jeun, puis repart accompagnée quelques heures après la fin de l’intervention. Dans certains cas une hospitalisation de 24 à 48 heures est nécessaire.
L’intervention est pratiquée par un gynécologue-chirurgien. Le gynécologue commence par réaliser une nouvelle colposcopie afin de repérer les limites de la lésion à retirer. L'application d'acide acétique et de Lugol, permettent de visualiser les berges de la zone pathologique. La hauteur et la largeur de la pièce de conisation sont ajustées à l'étendue des lésions et au souhait de grossesse de la patiente. D'une part, pour retirer la totalité de la lésion, la conisation doit dépasser d'au moins 3 mm la périphérie de la zone anormale et être suffisamment profonde. D'autre part, en cas de projet de grossesse, il faut être le plus économe afin de préserver l'avenir obstétrical. Cette évaluation passe par une nouvelle colposcopie pratiquée en tout début de l'intervention et permettant de délimiter les lésions.
La conisation est effectuée par les voies naturelles. Il n’existe donc pas de cicatrice externe visible.
Conisation du col utérin
Cratère après l'electroconisation
Il existe plusieurs techniques de conisation. Le choix de la technique appartient au chirurgien. Il dépend principalement de l’étendue des lésions et de l’expérience du chirurgien. Les techniques les plus courantes sont la conisation à l’anse diathermique (ECAD : éléctro conisation à l'anse diathermique ; bistouri électrique), au bistouri froid (bistouri normal) ou au laser.
Est-ce qu'une conisation fait mal ? Ça dure longtemps ?
En fonction de la technique utilisée et de l’étendue des lésions, une conisation dure de 10 à 45 minutes. L’intervention n’est pas douloureuse. Parfois, dans les heures ou les jours qui suivent l’intervention, apparaissent des douleurs ressemblant aux douleurs de règles.
Peut-on faire une conisation pendant la grossesse ?
Une conisation est exceptionnellement pratiquée en cours de grossesse. Elle est indiquée dans ce cas lorsque l’on suspecte un cancer invasif du col utérin au premier trimestre de la grossesse.
Et après la conisation ?
La « pièce de conisation » est envoyée au laboratoire d’anatomopathologie pour une analyse histologique des tissus. L’anatomopathologiste décrit le type de lésion (dysplasie de haut grade, cancer invasif…), l’étendue de la lésion est le passage des marges de la pièce opératoire en zone saine ou non.
Pièce de conisation - Conisat
Ces résultats sont communiqués à la patiente par le gynécologue, lors d’une consultation post-opératoire.
Lorsque les marges de la conisation passent « non in sano », la réalisation d'une recoupe n'est pas recommandée, sauf en cas d'adénocarcinome in situ ou de cancer micro invasif.
Adénocarcinome de l'endocol (Docteur Texier)
CIN 3 étendue aux collets glandulaires (Docteui Roméo)
Quels sont les risques d’une conisation ?
Comme chaque intervention chirurgicale, la conisation comporte certains risques. Ces risques sont rares.
- La persistance d’un petit saignement pendant plusieurs jours est habituelle ;
- Risque d’hémorragie, survenant en post-opératoire immédiat ou à distance (dans les deux semaines suivant l’opération). La survenue d’une hémorragie peut nécessiter la mise en place d’une mèche vaginale par le chirurgien ou plus rarement, une ré intervention ;
- Risque d’infection, se manifestant par des pertes vaginales malodorantes, une douleur pelvienne et de la fièvre ;
- Très rarement, une conisation peut provoquer une infertilité par obstruction du col utérin (sténose) et altération de la glaire cervicale. On estime le risque de fausse couche tardive ; de rupture prématurée des membranes ; d'accouchement prématuré et de césarienne multiplié par un facteur de 2 à 4 ;
- Absence de règles (aménorrhée), par sténose (obstruction) du col utérin, pouvant nécessiter une dilatation ;
- Risques liés à l’anesthésie : allergie, infection…
- Afin de réduire les risques d’hémorragie, il est conseillé de ne pas prendre de bain (douche autorisée) ; ne pas aller à la piscine ; ne pas utiliser de tampons périodiques ; ne pas prendre l'avion et de ne pas avoir de rapports sexuels pendant 1 mois ;
- Dans tous les cas, n’hésitez pas à appeler votre chirurgien si vous suspectez la survenue d’une complication.
Quelle est la surveillance après une conisation ?
La surveillance après une conisation est importante. Il existe un risque de récidive des lésions d’environ 10% en dix ans.
Les facteurs qui favorisent la survenue d'une récidive sont les suivants :
- Statut des marges de résection (passage « in sano » ou « non in sano ») ;
- Age de la patiente ;
- Post ménopause ;
- Caractéristiques de la lésion traitée (sévérité, siège endocervical, étendue) ;
- Persistance d'une infection à HPV.
La surveillance consiste à la pratique d’un test HPV à 6 mois, puis si négatif, un test HPV tous les 3 ans à vie. En cas de positivité, une nouvelle colposcopie est recommandée.
En cas d'adénocarcinome in situ avec passage en zone saine chez une femme jeune n'ayant pas encore accompli son projet de grossesse, une surveillance par test HPV annuel est recommandée.
Anglais
Conization of the cervix under colposcopy